Rapport sur la Mission # 6: Discernement et Acccompagnement

Région des Grans Lacs D’Afrique

Janvier-Avril 2011

Je suis ton serviteur : donne-moi du discernement…

Psaume 119:125

La Mission # 6 fut une joie et une bénédiction :

Deux jours après notre arrivée à notre maison de Gisenyi, dans le nord du Rwanda et sur la frontière de Goma, RDCongo, nous sommes allés rendre visite au Frère Gabriel, un Canadien impliqué avec la jeunesse en Afrique centrale depuis plus de 30 ans. Après avoir enseigné la justice réparatrice pendant cinq ans, nous lui avons demandé : quelle est la chose la plus importante que nous ayons maintenant à offrir à nos frères et nos soeurs africains? Sans aucune hésitation, il nous a répondu : Assurez-vous de faire le suivi . Et ainsi, à peine arrivés, nous recevions confirmation concernant ce que nous avions ressenti dans nos coeurs depuis notre retour au Canada l’an dernier. Notre travail se devait de prendre une nouvelle approche. Les quatre projets principaux (et quelques autres initiatives) dans lesquels nous sommes impliqués avaient besoin d’être encadrés, supportés, émondés, encouragés, outillés et renforcés. Au cours de la dernière mission, nous avons offert l’occasion d’échanges entre divers groupes d’aumôniers de la région des Grands Lacs et nous avons vécu ensemble des fins de semaine mémorables dans notre maison. Comme vous n’êtes pas sans le savoir, Juste.Équipage ne fait pas de projets sous le nom de Juste.Équipage – nous nous joignons aux équipes locales, donnant un coup de main et facilitant la croissance.

Nous avons enseigné la Justice réparatrice mais à des petits groupes et pour une durée de 1 à 3 jours seulement. Ensemble avec nos collègues, nous avons choisi les sujets à étudier selon les besoins tels élaboration de Plans de travail, le développement durable, Stress et traumatisme, et nous avons ajouté l’agression sexuelle en annexe au Protocole de médiation. Nous nous sommes bien écoutés les uns les autres. Ensemble, nous avons pleuré. Ensemble nous avons ri, mangé, prié et chanté (et pour ceux et celles qui le pouvaient, dansé!). Nous avons visité l’hôpital et les prisons. Nous avons aidé trois groupes distincts à obtenir leur statut légal pour travailler dans le ministère auprès des prisonniers. Nous avons meublé le Petit Sanctuaire de Gisenyi pour qu’il puisse accueillir victimes et aumôniers. Nous avons visité avec les femmes dans l’atelier de couture. Nous avons passé beaucoup de temps avec les autorités tant au niveau municipal que national et avec les directeurs de prison. Le soir, la conversation se faisait plus bruyante autour de la table à cartes! Laissez-moi partager quelques uns des projets dans lesquels nous sommes très impliqués.

Projet des lettres: Les prisonniers de la Prison centrale de Gisenyi, il y a quelques années, avaient remis à l’aumônier Lazare 400 lettres de demande de pardon pour les victimes survivantes du génocide. Ils voulaient que ces lettres soient livrées aux victimes. Ça paraît simple, n’est-ce pas? Mais, comment trouver plus de 500 personnes dans les montagnes et villages du Rwanda plus de 15 ans après le génocide? Il n’y a pas d’adresses résidentielles, pas de facteurs allant de porte à porte, pas de notification de changement d’adresse. Aucun de nos aumôniers n’a une voiture, la plupart des chemins ne sont passables qu’en motos ou à pieds. De plus, d’où viendra l’argent pour une telle aventure alors que nos aumôniers arrivent à peine à nourrir leur famille et payer les frais de scolarité de leurs enfants?

Nous avons commencé en élaborant un Protocole Victime-Offenseur qu’ils ont étudié avec diligence et qu’ils suivent fidèlement. Ce guide leur sert de compas et les aide à toujours respecter les victimes au milieu de rencontres très émotionnelles et qui déchirent le coeur. Et, quand l’argent y était, les cinq aumôniers qualifiés se sont divisé les lettres et mis au boulot en équipe de deux à travers le pays. Il n’y a rien dans notre vie qui puisse se comparer à ce projet et à son impact sur la vie des gens du Rwanda. Et les victimes et les offenseurs sont transformés au cours du processus et les problèmes communautaires volatils se trouvent souvent guéris. Les aumôniers souffrent d’un grand stress car le travail est physiquement et émotionnellement épuisant. Pour aider ce projet, nous avons aménagé le Petit Sanctuaire de Gisenyi – une petite maison où les victimes descendues de la montagne sont accueillies avant d’aller rencontrer leur offenseur à la prison, et où aussi nos aumôniers peuvent trouver refuge et repos. Chaque cas nécessite 3 ou 4 rencontres. Chaque rencontre coûte environ $60.00CDN. Quatre-vingt-cinq lettres ont été livrées à date mais nous réalisons que le temps presse pour ce projet. Nous nous devons de travailler plus rapidement avec les victimes et les offenseurs pendant qu’ils sont disponibles pour un travail de réconciliation et leur ouvrir un futur plus paisible et rempli d’espoir. Si vous voulez voir la grâce de Dieu au travail en 2011, venez voir ce projet! Songez à nous aider financièrement pour accélérer le processus de livraison des 300 lettres en attente.

Le Petit Sanctuaire Goma: Le Petit Sanctuaire Goma : A Goma, RDCongo, sous le leadership du Révérend Siméon Muhunga, nous retrouvons un noyau vivant de ‘saints’. Ils sont engagés à rayonner l’amour de Dieu et offrir un changement vital de vie dans les prisons, auprès des victimes, des familles et des autorités dans ce coin du monde ravagé et déchiré par la guerre. Ils ont créé une aumônerie communautaire qui opère dans une maison en construction à Goma. Ils sont sans argent, souvent malades, très affamés, en majorité sans travail rémunérateur, sans moyens de transport et avec beaucoup d’enfants à la maison parce qu’ils ne peuvent pas payer leurs frais de scolarité. Et pourtant, et pourtant…ils se rendent régulièrement à la prison, accueillent les victimes destituées et blessées, ouvrent les bras aux femmes victimes de viol dans la prison et qui maintenant ont un enfant à supporter sur la rue, écoutent et prodiguent conseil aux ex-prisonniers et font la promotion des meilleures pratiques correctionnelles dans la prison. Ils sont incroyables et méritent totalement le $10.00 par jour chacun que nous essayons de ramasser pour les aider dans leur travail. Ils ont besoin d’assistance pour les soins médicaux, tels médicaments pour la malaria, travaux dentaires et lunettes. Un de leurs grands besoins est pour de nouvelles paires de souliers. Pour ceux et celles qui connaissent la ville de Goma, vous comprenez facilement! A chaque jour, ils marchent de nombreux kilomètres sur la lave rude et usent littéralement leurs souliers. Une paire de souliers : $20.00CDN.

Légalités: Juste.Équipage fait équipe avec les groupes d’aumôniers qui sont dans le processus d’acquérir un statut légal pour mieux travailler dans leur pays : ICOPUR au Rwanda (Initiatives communautaire pour l’unité et la réconciliation), PJRIDI au RDCongo (Promotion de la justice réparatrice et des initiatives de développement intégral), et BARNABAS AFRIQUE au Burundi. Il est très important dans ces régions du monde d’être dûment accrédité pour accomplir le travail dans les prisons auquel Dieu appelle ces personnes. MAIS- le processus est lent et dispendieux et les détours semblent parfois interminables. On pourrait facilement se décourager et il faut faire preuve d’endurance et de patience tout en gardant foi que les fonds nécessaires arriveront pour maintenir le processus qui mènera au but.

Le village Twungubumwe: Cette année nous n’avons pas pu permettre à Pascal Niyomugabo de construire des maisons additionnelles ou de compléter des toitures dans ce projet inspirant du district de Bugesera où survivants du génocide et génocidaires libérés vivent ensemble. Nos moyens financiers ne nous ont permis de payer que pour deux toilettes extérieures et pour acheter une moto pour Pascal afin de lui permettre de superviser les 18 associations de la coopérative de plus de 1200 membres. (Les coûts quotidiens de location de moto devenaient exorbitants). Ce village et d’autres villages de réconciliation au Rwanda sont des exemples exceptionnels de la puissance transformatrice de Dieu et nous sommes heureux d’offrir de l’enseignement, de l’accompagnement et de créer un forum pour échanger.

Expérience de formation et de renouveau Canada: A chaque année, nous continuons à faire venir au Canada un ou deux leaders. En mai de cette année, le Révérend Pascal Fossouo a suivi la session intensive en justice réparatrice à Queen’s University School of Religion. Après des visites avec les aumôniers de l’Ontario et du Québec, il terminera son séjour avec Pierre et moi à Gatineau. Nous espérons alors accueillir Christine, une étudiante en droit de Goma. Elle fait partie du groupe des aumôniers de Goma et travaillera à la rédaction finale de sa thèse dans la tranquillité des bureaux de Juste.Équipage. Elle est en pleines démarches pour l’obtention d’un visa et compte sur nos prières pour des résultats rapides et positifs. Ce programme est dispendieux mais il a produit des résultats étonnants et il a permis à des aumôniers qui étaient épuisés et prêts à laisser tomber d’être renouvelés et d’avoir le courage d’aller de l’avant.

Il y a plus! Faut pas oublier!:

  • Les aumôniers du Burundi qui s’efforcent de visiter toutes les prisons du Burundi à chaque mois! Un projet ambitieux dépendant des ressources de la Providence.
  • La nourriture et autres objets que les aumôniers se doivent d’apporter en prison lors de leur visite. Ils ne peuvent se présenter les mains vides.
  • A chaque année, nous offrons des sous-vêtements pour environ 1000 femmes prisonnières et ex-prisonnières et pour les aumôniers.
  • Trousseaux pour mères et bébés incarcérées à Gisenyi, Ruhengeri et Goma et pour les exprisonnières. Le trousseau ordinairement contient un drap de bébé, sous-vêtements, linge de bébé, une large couverture, un savon. Nous aimons aussi pouvoir apporter des fruits pour les femmes et les enfants dans la prison et, si possible, de la farine ‘sosoma’ pour les bébés.
  • Matériel didactique et jouets pour les tout petits en prison avec leurs mères, et pour les enfants d’âge préscolaire dans les villages de la réconciliation. Ces enfants ont besoin de stimulation et de possibilités d’apprentissage.
  • ‘T-shirts’ pour les adolescents en prison et des programmes lors de leur libération.
  • De la nourriture pour tous ceux et celles qui, à chaque jour, viennent partager notre ministère d’hospitalité. La nourriture est dispendieuse et c’est un défi quotidien de nourrir les nombreux amis et visiteurs.
  • Le projet des lanternes à la prison de Goma. Nos aumôniers ont apporté lanternes et kérosène ($50CDN par mois) afin qu’il puisse y avoir de la lumière de 18.00hrs à 06.00hrs. Ceci va contribuer à la sécurité des prisonniers –spécialement des femmes – et du personnel et ce projet authentiquement proclame le message de Jean 8 :12.
  • Savon, souliers, riz, fèves, médicaments et frais de scolarité pour tous les membres de nos équipes.
  • De l’argent pour du matériel, des machines à coudre, et pour les pièces et réparation des machines ainsi qu’à chaque jour, une boisson et une banane pour les jeunes femmes dans l’atelier de couture. De plus, le fonds ‘Linda’ qui met de côté de l’argent en vue de payer les amendes permettant aux femmes d’être libérées de la prison.
  • Bibles et autres livres d’étude, dictionnaires et matériel en français. Tout cela disparaît comme un cappuccino glacé lors des vagues de chaleur!

Il y aurait encore tellement à dire. Les thèmes de notre dernière mission étaient ‘discernement’ et ‘accompagnement’. En relation avec le ‘discernement’ il est grand temps de mettre fin à ce rapport même si plusieurs de nos partenaires et de nos implications n’ont pas été mentionnés. En relation avec ‘l’accompagnement’, je tiens à dire à quel point nous comptons sur ceux et celles qui nous supportent par les finances et par la prière dans cette aventure spéciale, sur tous ceux qui ramassent et nous remettent tant de choses à apporter, qui se joignent à nous pour cette randonnée incroyable (Eilleen!!John!!), et pour ceux qui voient à ce que tout continue à rouler chez nous (Irene!!Jacqueline et Gaston!!Vaila et Garry !!) pendant que nous sommes au Rwanda, et au Rwanda (Fine!!Jean-Claude!! Christophe!!) pendant que nous sommes chez nous.

Nous avons loué une maison pour une année à Gisenyi et nous la sous-louons pour 6 mois pendant que nous sommes de retour au Canada. Pour la première fois, cette maison correspond parfaitement à ce que nous croyons que nos missions doivent offrir en termes d’hospitalité, sécurité et possibilités de formation. Nous avons donc, dans la foi, assumé cette grande responsabilité financière. Nous espérons retourner à la fin d’octobre 2011 et au cours du mois de novembre de concentrer nos efforts sur le Projet des Lettres en effectuant autant de visites que les fonds reçus nous permettront de faire. Nous ne savons pas combien de temps Dieu nous donnera la force et la santé pour ce ministère, mais nous sommes certes prêts pour la longue durée. Nous ne savons pas d’où viendront les argents, mais alors que Dieu donne à travers vous, sachez que nous nous en servirons sagement et à sa gloire. Nous nous devons d’intégrer de façon mature les milles et un visages de la misère, de la corruption, de la pauvreté, de la jalousie, de la maladie et des souffrances. Nous devons sans cesse nous rappeler que Dieu seul transforme les coeurs et les situations de vie, et que c’est un privilège merveilleux que d’être témoins de son travail.

Judith Allard, Directrice générale